Le
dimanche, la Milice Bourgeoise de Lessines a fait
partie du cortège.
Sur proposition de l'ancien
conservateur Marc Poelmans qui les avait rencontrés.
Autorisée
par Charles-Quint en date du 16 avril 1548,
la "Compaingie et Confrarie de
Culeuvrines et Canoniers à l'honneur de Dieu et
de Monsieur Saint Rocq" était un corps
d'élite composé de vingt-quatre hommes «sentremectans
a thirer de culeuvrines et harquebuttes».
Ils portaient, comme insigne, deux
mousquets croisés attachés sur leur uniforme.
La
milice s'intitula aussi milice 1583 en
commémoration d'un événement.
Si la tradition populaire fixa longtemps les
faits comme remontant à 1583, selon
lesquels une troupe de mercenaires hollandais et
anglais, avec les Huguenots assiègent la ville
dans l'intention de la piller et qui après
plusieurs tentatives d'escalade par les remparts
ouest, sont vigoureusement repoussés par les
habitants, accourus pour prêter main forte à la
milice et furent rmis en fuite par les jeunes
arquebusiers, les recherches historiques ont
cependant remis cette histoire dans sa réalité.
Dès
le début du seizième siècle, lempereur
Charles Quint avait réuni sous son sceptre les
Dix-Sept Provinces des Pays-Bas, comprenant la
Belgique et les Pays-Bas actuels.
En 1555, son fils Philippe II par
ailleurs comte de Hainaut lui avait
succédé à la tête dun empire sur lequel
le soleil ne se couchait jamais
Le
souverain était aussi impopulaire chez nous que
navait été aimé son père, le grand
empereur.
Dans ce contexte difficile, en 1576, les Etats
Généraux des XVII Provinces prennent en mains
le gouvernement des Pays-Bas, les pacifient et en
expulsent les Espagnols. Les Etats rétablissent
aussi les privilèges quavait supprimés
Philippe II. Celui-ci avait envoyé un Gouverneur
général : Don Juan dAutriche. Mais
le fils naturel de Charles-Quint ne parvenait pas
à simposer.
En 1578, les Etats Généraux choisissent
larchiduc Mathias dAutriche en lieu
et place de Don Juan. Mathias a 21 ans, est le
fils de Maximilien II et petit-fils de
Charles-Quint. Entretemps, Don Juan reçoit des
renforts de Philippe II dont fait partie le
régiment du baron de Montigny Emmanuel de
Lalaing frère du grand bailli de Hainaut,
le comte de Lalaing.
Le climat dagitation permanente qui
régnait donc ainsi dans nos provinces était
encore renforcé par les troubles qui
déchiraient alors les chrétiens dEurope
occidentale, en raison des différentes réformes
initiées par le courant protestant.
Sensuivaient de fréquentes incursions de
troupes de mercenaires qui pillaient et
brûlaient villes et campagnes.
En mars 1578, Lessines est occupée par une
troupe constituée de hollandais et provenant de
larmée des Etats Généraux. En effet, on
craint que les Espagnols ne reviennent dans les
Flandres, passant de ce fait par Lessines. Ce
régiment ne restera hélas pas dans la ville.
A travers les comptes de la Massarderie de
1578-1579, on décrypte un processus qui donnera
naissance à la tradition du Festin.
En effet, le 6 novembre 1578, une compagnie du
régiment de Montigny, sous le commandement du
capitaine Jean Quintin se présente devant les
murailles de Lessines.
Il demande que lui soient ouvertes les portes de
la ville. Les échevins refusent, forts de
lexemption dabriter des troupes
obtenue quelques temps auparavant de
larchiduc Mathias.
Furieux, Quintin menace la cité dun
assaut !
Le Magistrat lessinois prévient le grand bailli
qui demeure bien entendu silencieux.
Le mardi 13 novembre, vers les 11 heures du
soir, Quintin et sa compagnie, forte de quelques
6 à 700 arquebusiers et de 100 ou 200
mousquetaires (mousquets) tente dentrer de
force dans Lessines. Il incendie la porte
dAncre (ou de Grammont) qui résiste aux
flammes (les portes et ponts-levis ont été
renouvelés peu avant le siège) et descend vers
la porte de Pierre devant laquelle il met le
siège. Il en profite pour piller le faubourg
extra muros qui sétend déjà à cet
endroit à lépoque.
Lessines compte moins de 900 hommes valides
mais des habitants des villages voisins viendront
prêter main forte aux assiégés.
Vers 4 heures du matin, le 14 novembre, le
Magistrat décide de jouer son va-tout : la
Compagnie de la jeunesse, exclusivement
constituée dhommes jeunes et célibataires
placés sous le commandement de Sébastien de
Tramasure, sortira par la porte dOgy
demeurée intacte, pour prendre lennemi à
revers à la porte de Pierre. Les jeunes hommes
contournent la ville par le nord car
incontournable par le sud, les ponts ayant été
supprimés de ce côté de la cité en vue de
troubles potentiels.
Tout occupés à tenter de saper la porte de
Pierre mais aussi à piller le faubourg, les
hommes de Quintin sont surpris par la réaction
des Lessinois et leur subite sortie : ils
fuient ! La victoire est acquise, le siège
naura finalement duré que lespace de
cinq heures.
Le 14 novembre au matin, léchevin Jean
le Jeune et Jean de Halluin sont dépêchés à
Anvers pour signaler les faits à larchiduc
Mathias qui félicitera les Lessinois pour leur
« Bonne garde et victoire
remportée ».
Le 19 novembre, une lettre dexcuses sera
envoyée au grand bailli de Hainaut il ne
faut pas oublier quil est le frère du
baron de Montigny dont est extrait le régiment
qui vient de causer tant de désagréments aux
Lessinois qui ninsistera pas.
Laffaire est close.
Entretemps, les Lessinois et
leurs renforts villageois fêtent la victoire
dans les auberges et hôtelleries de la
ville : les frais seront réglés par les
autorités communales.
Ces joyeuses agapes donneront lieu au Festin,
festivités qui perdurent encore aujourd'hui
chaque début septembre.
Texte de Gérald Decoster
extrait de http://www.festin.be/festin/historique/
On
notera que les faits qui se passent en 1578 à
Lessines sont très similaires à ce qui se passe
au même moment dans la région de Visé:
pillards, mercenaires des armées, etc.
Revenons à la milice des arquebusiers.
Deux emblèmes en argent de cette société sont
encore portés:
- le Collier d'Honneur du Roy du tir,du
16e siècle, formé d'une double
chaîne avec un coq, aux pattes duquel est
attaché un trophée de mousquetons.
- la Médaille d'Affique
représentant le patron tutélaire, datée de
1676 et frappée d'une fleur de lys, au revers de
laquelle est rivée une plaque portant un christ
en croix.
Cliquez ici
pour accéder au site de la Milice Bourgeoise de
Lessines
les photos
ci-dessous furent prises lors des festivités du
Festin en 2004 à Lessines où nous nous étions
rendus en délégation.